Des camps sur le terrain
Chaque été, des milliers d’élèves du secondaire quittent les bancs d’école et font leurs premiers pas sur le marché du travail. S’ils ont de la chance, leur emploi pourra favoriser leur croissance et leurs habiletés en leadership tout en leur procurant une expérience pratique ainsi qu’un revenu. Or, au cours des 20 dernières années, le programme Outland d’emploi chez les jeunes (Outland Youth Employment Program, ou OYEP) a permis à des centaines de jeunes Autochtones de gagner un revenu et de bénéficier de possibilités d’apprentissage. Tout comme d’autres programmes OYEP au pays, en 2018, plus d’une vingt jeunes de 12 collectivités se sont rendus dans un ancien camp de Rangers au Parc provincial Esker Lakes, près de Kirkland Lake, en Ontario. Pendant six semaines, ils ont participé à un projet d’apprentissage et de travail de terrain sur les ressources naturelles tout en vivant aux côtés d’une équipe du programme Outland. À la fin du programme, ils ont obtenu des crédits de coopération pour leurs études secondaires, en plus d’avoir vécu de précieuses expériences qui les aideront à jeter les bases de leur avenir.
Des partenariats
Fondé en 1985, le groupe Outland gère des logements pour la main-d’œuvre en régions éloignées, y compris des camps pour les planteurs d’arbres et les pompiers chargés des feux de forêts. En 2000, constatant le manque de main-d’œuvre autochtone dans ses camps du nord, Outland a établi le programme OYEP pour offrir des emplois verts à ce groupe sous-représenté dans le secteur forestier. Depuis, l’initiative est devenue un programme national primé axé sur la formation, l’éducation et l’emploi grâce à des partenariats avec des organismes publics, privés et des Premières Nations. Le programme OYEP a adopté une approche d’éducation autochtone de bonne gérance de l’environnement qui est inclusive et qui favorise la prospérité économique future. « Le fait de renforcer les réseaux personnels des jeunes et de donner à ces derniers un plus grand sentiment d’accomplissement et de fierté favorise la confiance dont ils ont besoin pour sortir de leur coquille et prendre le contrôle de leur vie », de déclarer Dave Bradley, fondateur du programme OYEP.
Les fondements de l’avenir
Au-delà des camps, le programme OYEP collabore également avec des établissements postsecondaires partout au pays ainsi qu’avec des collectivités des Premières Nations. Un des volets est la « semaine de la science », au cours de laquelle les étudiants visitent des campus de la région, assistent à des conférences et acquièrent de l’expérience pratique en matière de STIM. Denise Baxter, vice-rectrice à l’Université Lakehead, décrit l’initiative comme étant très importante, en disant que « les jeunes d’aujourd’hui sont mieux équipés pour apprécier comment la compréhension des STEM et de la gestion des ressources naturelles peut avoir un impact sur leur vie quotidienne et sur la prospérité des communautés nordiques ». Une facette importante du programme est l’apprentissage de l’histoire, des politiques et des répercussions entourant les anciens pensionnats par des activités telles que l’exercice des couvertures Kairos avec des aînés des Premières Nations partenaires.
Des résultats significatifs
L’effort collectif et l’expertise unique des partenaires du programme OYEP ont donné lieu à des résultats significatifs tant pour les diplômés du programme que pour les parties prenantes. J.P. Gladu, ancien président et directeur général du Conseil canadien pour le commerce autochtone, a eu ceci à dire au sujet des réalisations personnelles et professionnelles des participants : « OYEP est essentiellement axé sur le leadership et l’inspiration. On s’assure de laisser un impact positif dans le monde. La confiance que les jeunes commencent à acquérir tout au long de leur participation au programme leur permet de faire entendre leur voix. Les jeunes commencent à comprendre qu’une belle vie les attend. » À ce jour, le programme OYEP a créé 1 251 emplois d’été en Ontario, au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique. Les participants, qui représentent plus de 100 Premières Nations, ont obtenu 743 crédits d’études secondaires et travaillé plus de 350 000 heures à planter plus de deux millions d’arbres.
Réflexion
Chaque année, généralement pendant les jours les plus chauds de l’été, j’entreprends une tournée dans le Nord. Je visite des collectivités des Premières Nations par avion et je passe du temps à écouter les aînés, les dirigeants communautaires et les jeunes.Ces visites sont sans aucun doute l’une des parties les plus importantes de mon mandat et constituent un travail des plus révélateurs et des plus enrichissants.
Une visite en après-midi au site du programme OYEP à Esker Lakes, en août 2018, est devenue un des moments les plus mémorables de mes cinq dernières années. C’était la fin de l’été, les jeunes avaient obtenu leur diplôme de fin d’études secondaires, ils avaient appris à planter des arbres et ils avaient noué des liens et des amitiés qui, comme tout campeur le sait, peuvent durer toute une vie.
Ils étaient pleins de récits, de confidences et de questions. Leurs histoires et interrogations n’étaient pas nécessairement faciles, et mettaient en évidence les inégalités qui existent dans notre province. Laurenn, une jeune femme grande et courageuse, m’a regardé dans les yeux et m’a demandé : « Pourquoi ai-je plus de risques de devenir une femme autochtone disparue ou assassinée que de chances de finir mes études secondaires? Mon peuple n’est pas avide d’argent, il est avide d’eau potable ».
Mais grâce à des programmes comme OYEP, ces jeunes sont en mesure d’envisager un avenir qui équilibre la bonne gérance de l’environnement et la prospérité économique. Cette initiative encourage l’éducation postsecondaire et favorise la cohésion sociale.Je suis convaincue de l’importance de ce camp et de son pouvoir de créer un avenir plus résilient pour ces jeunes.
You must be logged in to post a comment.